Une nouvelle alerte a été émise concernant l’usage des pesticides. Cette fois, ce sont les fongicides SDHI qui sont visés. Avec des conséquences potentielles sur les humains.

« Doute sérieux » sur les pesticides SDHI 

Le 19 novembre, la Commission de déontologie et des alertes (cnDAspe) a annoncé avoir attiré l’attention de plusieurs ministres sur les pesticides SDHI. À savoir ceux chargés de l’Environnement, de la Santé, de la Recherche, de l’Agriculture et des Sports. Tout en recommandant de poursuivre les recherches à ce sujet. Selon cette instance officielle indépendante constituée de 22 experts bénévoles, il existe un « doute sérieux » sur les pesticides SDHI.

La Commission a ainsi publié mardi un avis considérant que « la situation est constitutive d’une alerte ». Cet avis vient donc confirmer le caractère fondé et étayé par « des données scientifiques de qualité » de l’alerte lancée par une dizaine de scientifiques fin 2017 sur les dangers de cette famille de fongicides.

Quant à l’utilisation de ces fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogènase (SDHI), une enzyme intervenant dans la respiration cellulaire, on les retrouve régulièrement dans l’agriculture ou le traitement des pelouses de certains stades et sur les terrains de golf. Mais les dangers occasionnées par ces produits ne sont, toujours selon la cnDAspe, « pas actuellement pris en compte dans les procédures de toxicologie appliquées selon la réglementation européenne ». Malgré des « incertitudes substantielles » sur les risques que font courir ces substances lorsqu’elles sont répandues.

Fongicides : des dégâts collatéraux…

De plus, la cnDAspe recommande la poursuite des travaux de recherche afin de mieux définir les risques pour les humains liés à ces fongicides SDHI. Ces derniers, d’après des travaux publiés le 7 novembre dernier, ne se contentent pas de détruire les moisissures qui se développent sur les céréales ou les fruits. En effet, si leur action consiste à bloquer une étape clé de la respiration des champignons, ces pesticides affectent également le processus respiratoire des cellules des humains, des vers de terre et des abeilles.

Les scientifiques craignent notamment une augmentation des risques de contracter certains cancers mais également des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Toutefois, les chercheurs estiment qu’une observation sur une période plus longue est nécessaire concernant les usages actuels de plusieurs de ces produits puisque huit des 11 substances en question sont autorisées depuis moins de dix ans.

De son côté, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait considéré en janvier dernier qu’aucune alerte sanitaire n’était immédiatement justifiée tout en affirmant que des recherches ultérieures devaient être conduites. Ce nouvel avis de la cnDAspe va fortement l’inciter à poursuivre ses travaux…

AK

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Nous pouvons rappeler en complément que :

  • dès 1976, des scientifiques, spécialistes mondiaux de l’époque avaient montré les effets de la carboxine, ancêtre de tous les SDHI et déclaré que ce serait une folie complète de disperser ce type de molécules dans l’environnement. (voir fichier étude en anglais carboxin.pdf). Leur alerte n’a pas été entendue. Cependant, cette matière active, comme tant d’autres par la suite, a fini par être retirée du marché. Mais bien vite remplacée, rassurez-vous. C’est la dernière génération de produits qui doit nous préoccuper. L’ Institut du Végétal (ARVALIS), qui forme et conseille les agriculteurs considère lui-même qu’il ne faut envisager qu’un seul traitement fongicide à base de SDHI par an au risque notable de perte d’efficacité rapide par adaptation des champignons ciblés.
  • face à la mobilisation citoyenne, la contre-attaque s’organise. Par exemple, le site www.sauvonslesfruitsetlegumes.fr dénonce 5 infox colportées par « les écolos ». A lire avec précaution ! Et ensuite, pour vous désintoxiquer, passez voir le site de Générations Futures qui lui aussi s’est mis très récemment au fact checking. Exemple à propos de la durabilité mondialement reconnue de notre agriculture – c’est nous les champions ! – que mettent en avant nos autorités et lobbies. Enfin, en 2016, le SDHI le plus utilisé dans notre pays, le boscalid, se retrouvait présent dans 13 des 15 mueslis non-bios analysés par Générations Futures -soit 86% des échantillons.

Soyez vigilants, nous n’avons pas fini d’entendre parler de ce dossier…au point, qui sait, de dépasser le glyphosate dans notre quotidien !