On entend de plus en plus parler de désobéissance civile non-violente dans le milieu militant, notamment suite aux actions d’ANV COP21 (Décrochons Macron) et d’Extinction Rebellion. Mais de quoi s’agit t-il exactement ? Xavier Renou, du collectif les Désobéissants, a tenu ces 27 et 28 octobre une formation de 10h pour nous l’expliquer.
Une formation riche mêlant théorie et pratique
C’est à la maison des syndicats de Chalon-sur-Saône qu’une vingtaine de citoyens se sont rassemblés samedi pour découvrir cette autre façon de militer. «Je trouve ça hyper intéressant de savoir comment ça fonctionne, quels sont les moyens d’actions de la non-violence. Je trouve que ça peut s’appliquer dans plein de domaines et pour plein de choses.» nous confie Pauline, militante venue de Mâcon pour assister à la formation.
Cette dernière méritait bien les deux jours prévus, car les questions à aborder étaient à la fois nombreuses et subtiles. Pourquoi la désobéissance civile ? Quand faut t-il y faire appel ? Que faire face à un adversaire agressif ? Comment et quand occuper un lieu le plus longtemps possible ? Comment minimiser les risques judiciaires ? …
Simulation d’audition . Xavier fait un policier très convaincant !
Chaque leçon était précédée d’une mise en situation concrète (débat mouvant, jeu de rôle, préparation d’une action fictive en petits groupes…) permettant aux participants de mieux comprendre quels difficultés pouvaient survenir. Xavier nous expliquait ensuite comment gérer au mieux ces situations en restant calmes et convaincants. Frédéric, militant pour la mobilité douce, témoigne « C’est très intéressant, parce qu’on apprend de la pratique d’un expert ce qu’il faut faire et qu’il ne faut pas faire».
Le choix de la non-violence
Le cœur de la formation était l’explication et la mise en application du concept de non-violence, qui est inséparable de la désobéissance civile. La non-violence est d’abord un choix moral, mais également un choix stratégique, car un mouvement non-violent aura beaucoup plus de chances d’emporter l’adhésion de l’opinion publique.
Mais garder son calme en toute circonstances n’est pas si évident. Comme le résume bien Sonja, engagée pour les droits des immigrés : « C’est vachement dur, parce que tu te bagarres tout le temps, et après il faut faire des actions bien menées à chaque fois et non violentes, alors que tu as la colère qui monte».
Heureusement, la non-violence, ça s’apprend. Comme le déclare Marc, « [Il y a ce] travail à faire sur les représentations qu’on a de l’adversaire, qui est le policier. […] Il faut que tu aies une idée claire et la plus positive possible du gars en face de toi, sinon tu es dans la destruction ». Et ce travail pour percevoir l’humain plutôt que l’ennemi est finalement ce qui fait la force du militant non-violent. « Il y a des moments où on a tendance à avoir peur, mais il suffit de savoir comment s’y prendre et la peur s’estompe. » observe Frédéric, gilet jaune. « C’est vrai qu’on est pas là pour embêter [la police], on est pas là contre eux, on est là pour faire valoir des droits quand les hommes politiques ne sont malheureusement pas à la hauteur. »
Jeu de rôle . Des militants essaient de négocier avec les gardes leur bloquant l’entrée de la mairie
Bilan du week-end
Au terme de ce week-end de formation, Pauline, apprentie désobéissante militant pour la culture et les droits de l’homme, déclare se sentir motivée pour s’engager sur le terrain. Marc, au contraire, explique ne pas se sentir prêt après avoir pris conscience des subtilités de ce mode de militantisme : « Il y a tous ces prérequis dont je n’étais pas forcément conscient, toute cette préparation morale et ces idées à avoir. Comment être sûr qu’elles sont partagées par un groupe ? A 3 personnes c’est facile, à 10 ça va encore, à 50 personnes c’est plus compliqué ».
Si la question d’une mise en pratique prochaine divise les participants, tous déclarent avoir trouvé la formation « super intéressante » et riche en enseignements. Xavier Renou s’est avéré être un formateur expérimenté, rassurant et pédagogue, sachant maintenir sans problème l’attention de ses étudiants des heures durant. « Je pense que c’est une chance d’avoir cette formation à Chalon. » reconnaît Mélodie, membre d’Acte. « Tout était très bien, aussi bien la méthodologie sur la manière de préparer une action à plusieurs que le côté pratique avec les jeux de rôle ».
Retombées presse
Deux journées pour désobéir
Les 26 et 27 octobre 2019, à la maison des Syndicats de Chalon, ACTE (Association Chalonnaise pour une Transition Écologique et citoyenne) et 4 autres associations organisent une formation à la désobéissance civile et à l’action non violente. Cette formation s’adresse à tous les citoyens militants ou non. Elle est animée par Xavier Renou du Collectif Les Désobéissants… Lire la suite.
Article de ChalonTV.